Le présent billet fait suite aux difficultés évoquées par les patients dialysés dans la rubrique "A la boudeuse" de ce blog. Le point commun entre ces trois cas de figure est le poids. Le premier et le deuxième cas trouvent excessif le poids qu'on leur fait perdre en une séance. Ils évoquent une probable sous-estimation de leur poids sec, à l'origine, selon eux, de la fatigue physique qu'ils ressentent. Le trait commun entre le cas 2 et le cas 3 est la prise de poids excessive entre les dialyses, suite logique des grandes quantités d'eau bue dans cet intervalle. Un élément important de leur récit mérite une attention particulière : la soif à laquelle les deux ne peuvent résister.

Face aux trois points récurrents de leurs plaintes, à savoir, poids sec sous évalué, fatigue, soif, on peut, sans prétention, donner quelques explications objectives. D'abord, la prise de poids excessive entre deux dialyses. Il est bon de savoir qu'à prise excessive de poids correspond perte maximale de poids en dialyse. Le médecin et les infirmières sont contraints, dans les limites du possible, de faire perdre au patient plus d'eau, c'est-à-dire, plus de poids. Ce qui permet de revenir au poids sec du patient préalablement déterminé par le médecin. C'est ce poids sec à atteindre (appelé aussi cible) qui assure le confort au patient et épargne ce dernier de plusieurs complications liées à son insuffisance rénale. La perte maximale de poids se situant au-delà de 4 kg, soit plus d'un litre d'eau perdue par heure, ne se fait pas sans conséquences. Il y a, au bout du compte, "la facture ou la contravention de dépassement à payer". Tout dépend naturellement de la constitution de chacun. Le dialysé qui s'entête à prendre trop de poids paie de son confort physique, de son état général. D'où crampes musculaires, chute de tension artérielle, nausées, vomissements, fatigue, douleurs thoraciques etc. Il est raisonnable et sage de suivre les conseils de l'équipe soignante en observant un régime qui apporte peu d'eau et de sel. Cependant, l'équipe soignante, à commencer par le médecin, a la responsabilité de réevaluer aussi rapidement que possible le poids sec du patient. Ce qui est fait, en général, après un bilan biologique et radiologique de contrôle. Dans l'intervalle, le patient continue d'éprouver des manifestations liées à un poids sec relativement bas (ou élevé dans les cas contraires). Dans cet intervalle de temps, le dialogue avec le patient et les conseils insistants sont les bienvenus.

Par exemple, la consommation de sel. Les cas n° 2 et 3 se plaignent de soif excessive. Ce que le dialysé doit savoir, c'est que le sel (chlorure de sodium) fait toujours appel à l'eau. Consommer beaucoup de sel dans son alimentation conduit à boire également beaucoup d'eau. Donc, à prendre beaucoup de poids avec tous les risques que cela comporte, notamment, tension artérielle élevée, crampes en cours de dialyse, etc. Il faut briser le cercle vicieux sodium (sel), eau, poids excessif entre les dialyses, inconfort physique et psychologique (déprime). Il faut réduire le sel dans les préparations culinaires. Il est aussi important de faire le bon choix des aliments consommés. De ce point de vue, les charcuteries, les plats cuisinés de l'industrie alimentaire...sont à proscrire; ils sont très relevés. Pour améliorer leur goût, on y ajoute beaucoup de sel. Les africains et autres populations des tropiques apprécient bien les plats épicés; les dialysés devraient les éviter. Les plats très épicés font boire beaucoup d'eau. Hormis le fait que le piment, par exemple, reste très riche en potassium !

En conclusion, je voudrais adresser une parole qui se veut rassurante aux insuffisants rénaux dialysés: Le néphrologue reste votre timonier, entouré de son équipe d'infirmières et d'infirmiers, meilleurs assistants jouant aussi le rôle de conseil atitré auprès des malades. Tous sont là pour vous aider à arriver, sans encombre, à bon port. Cependant, c'est au malade de faire sa propre valise, ses réserves ou kit de survie. Dans ce voyage de vie (mieux de survie), "Africadialyse" n'est qu'une sorte de bouée qui accompagne les dialysés confrontés aux difficultés d'alimentation et de choix de leurs aliments.