Les écorces, racines et tisanes sont couramment utilisées en soins thérapeutiques en Afrique et ailleurs. Elles peuvent sauver des vies. Elles sont aussi susceptibles de pourrir la vie de ceux qui les consomment abusivement ou pas. Il en est de même pour les médicaments. Tout médicament est un poison. De la même façon, les tisanes et décoctions comportent des effets secondaires pouvant se traduire par des manifestattions pathologiques graves. Certaines tisanes, infusions et décoctions à base de racines et écorces pouvent altérer ou endommager gravement les fonctions du rein. Bon nombre de patients insuffisants rénaux, notamment les Africains, ont été victimes de ces incidents regrettables, assurément évitables.

Il n'est pas question de jeter l'opprobre sur les tisanes, racines et écorces qui sont parfois les seuls moyens disponibles, en Afrique, pour guérir ou soulager les maux. L'objectif du présent article est de mettre en garde les consommateurs africains et autres sur les risques encourus liés à l'utilisation abusive et non contrôlée de ces boissons et racines. En effet, plusieurs des racines, écorces et tisanes consommées ne sont pas scientifiquement étudiées. Les doses administrées ne sont pas précises. On ignore souvent leurs effets secondaires. Par conséquent, rien ni personne ne prévient le consommateur du danger qu'il court en consommant ces substances. Le problème est plus sérieux en Afrique où leur consommation est favorisée par des guérisseurs et des pasteurs autoproclamés, guérisseurs de choix, beaucoup consultés par des populations pauvres en détresse.

Le problème posé par la consommation des tisanes néphrotoxiques (toxiques pour le rein) n'est pas propre à l'Afrique. Dans les pays économiquement avancés, des tisanes dites amaigrissantes sont utilisées par certains groupes de populations. Souvent, ces tisanes ne sont pas bien documentés, alors qu'elles contiennent des substances nocives pour l'homme. De surcroît, les consommateurs font fi des effets secondaires de ces substances, obnubilés par le désir de maigrir. Le résultat de cette méprise est, l'apparition de complications graves dont l'insuffisance rénale. Par exemple, les tisanes chinoises et le trèfle caraïbe sont connus pour leur nocivité sur le rein. D'autres tisanes sont toxiques pour le foie; c'est le cas de chacha ou cascavelle jaune, la verveine crête de coq ou l'herbe papillon. D'autres encore exercent leur nocivité sur le coeur. Par exemple, l'arbre à soie. Ainsi, les tisanes et décoctions produisent des effets secondaires de différents niveaux de gravité et sur des organes différents de l'organisme. Certains pays africains ont développé une politique de fabrication de médicaments traditionnels. Dans ce cas, les produits proposés sont étudiés, vérifiés et contrôlés. Il est rare, sinon exceptionnel, qu'ils causent des complications graves, les posologies étant soigneusement déterminées. Avant l'utilisation de tisanes quelconques, il est préférable de demander conseil au pharmacien.

L'insuffisant rénal dialysé devrait proscrire la consommation de tisanes, racines et écorces peu ou mal documentées. Si certaines herbes vendues sont sans danger et possèdent des propriétés bienfaisantes pour la santé, d'autres par contre se révèlent être toxiques et dangereuses. On connait à ce jour 30 tisanes susceptibles de causer des troubles toxiques graves sur le foie, le coeur, le sang, le système nerveux, le tube digestif et les reins, bref, sur les organes nobles de notre corps.

La troisième catégorie des tisanes est celle qui cause des décès. En effet, un certain nombre de décès a été rapporté chez des prsonnes ayant utilisé des tisanes nocives et toxiques. Parmi ces dernières, on peut citer le phytolaque, l'oléandre (laurier rose) et le pouliot. Le danger est d'autant plus grave que les fabricants de ces tisanes ne sont pas tenus d'énumérer les toxicités possibles sur leur emballage. Pour satisfaire la demande, les fabricants se livrent à des pratiques peu recommandables et non conformes à l'éthique. Par exemple, les tisanes et autres préparations herbacées peuvent contenir des substances autres que celles signalées sur l'emballage. Le ginseng illustre ce propos. Afin de procurer l'effet désiré ou l'action stimulatrice espérée, les fabricants "arrangent" la préparation en contaminant le ginseng de produits synthétiques, voire, de certaines drogues ordinaires. Ces pratiques exposent le consommateur à des risques de toxicité et de surdose; ce qui n'est pas souhaitable pour l'insuffisant rénal dialysé ou pas.



Quoi qu'il en soit, l'insuffisant rénal devrait particulièrement faire attention aux plantes médicinales, écorces et racines reconnues pour leurs vertus réparatrices de la fatigue, de l'impuissance sexuelle etc. Il serait judicieux de se méfier des herbes (plantes, racines, écorces...) ou des suppléments alimentaires à qui on attibue des pouvoirs de guérir tous les maux.

Voici quelques exemples de tisanes à risques. Il s'agit de préparations contenant:

Arnica, Digitale (pourprée), Thé Mormon, Serpentaire Cerises noires, Noix de muscade, Séneçon, Herbe de Saint-Jacques, tanaisie (chartreuse ou herbe aux vers), Sanguinaire (ou sang dragon, indian paint), Oléandre, Tonka, Chasse-taupe, Pouliot, T'u-san-ch, Bourdaine, Lobélie, Petite pervenche, Ciguë aquatique, vireuse Bardane (racine), Mandragore, Phytolaque, Hépatique des bois Tussilage, Mélilot, Sassafras, Absinthe, Consoude (ou oreilles d'âne, langue de vache), Séné, Yohimbine, Baie de sureau.

Insolite

a) Vertu de la coussoude

La coussoude est utilisée en médecine traditionnelle depuis plus de 2000 ans. Dioscoride, médecin grec du Ier siècle la conseillait pour soigner les hémorroïdes et les inflammations pulmonaires et digestives.

b) Antivol.

Placée dans les bagages, la grande coussoude empêche leur vol pendant le voyage......sur le Transibérien !

La phytolaque ou raisin d'Amérique.

Elle contient une substance toxique, pouvant être mortelle pour l'homme. Cette substance est également mortelle pour le mollusque vecteur hôte de la bilharziose, une maladie parasitaire qui sévit en Afrique. Son utilisation contribue à couper la chaîne de transmission de la bilharziose à schistosoma mansoni. Elle a été expérimentée et utilisée avec succès en Ethiopie !

Il est temps que les pays d'Afrique centrale l'expérimentent dans la lutte contre la bilharziose à schistosoma haematobium, responsable de la bilharziose vésicale dont le signe majeur est la présence de sang dans les urines. A défaut de soutien financier pour le traitement, le Congo, mon pays, pourrait développer cette lutte contre le vecteur de la maladie dans la région de la Bouenza, principal foyer de la bilharziose dans ce pays. Le sol congolais est généreux; il se prêterait bien à la meilleure culture de la phytolaque. La population pourrait être mise à contribution comme nous l'avons fait dans les années 80 et 90 pour les pièges à mouches tsé-tsé. Après tout, c'est une question de volonté. Comme pour les tisanes !