Le dialysé croule sous la masse d’eau.

L’eau est-elle l’ennemi de l’insuffisant rénal dialysé ? Non ! Non ! Une telle affirmation est totalement erronée. L’eau, c’est la vie. Le corps humain est constitué à 70 - 80% d’eau. Du fait de son insuffisance rénale, le dialysé est soumis à une restriction d’apport quotidien en eau. Outre l’apport d’eau des aliments estimé à près d’un litre et demi, le dialysé peut boire jusqu’à 500ml de liquide, soit deux grands verres d’eau par jour. Cette quantité de liquide par jour comprend aussi bien l’eau, la bière, le vin, le thé que toute autre boisson. Il n’est pas conseillé de boire au cours du repas. On peut boire un verre d’eau après le repas. Les plats relevés, épicés et le piment sont à éviter ; ils augmentent l’envie de boire.

L’eau est-elle le bourreau du dialysé ? C’est possible, du moins, discutable. L’excès d’eau dans le corps d’un dialysé peut lui être fatal sous certaines conditions. Sont particulièrement exposés les insuffisants rénaux chroniques qui prennent excessivement du poids entre deux dialyses. Les circonstances sont aggravantes s’ils présentent une insuffisance cardiaque aigue ou chronique, l’anémie ou une hypertension artérielle non contrôlée. En effet, les reins ne fonctionnant pas, l’excès d’eau n’est pas éliminé. Il s’accumule dans différentes parties du corps, notamment dans les tissus mous. Le dialysé a, alors, des oedèmes, les paupières inférieures gonflées, le visage bouffi, arrondi, la respiration difficile. Ce dernier symptôme, la détresse respiratoire, doit retenir particulièrement l’attention du dialysé. L’eau en excès diffuse dans les tissus des poumons et du cœur. L’insuffisant rénal est alors sujet à une conséquence gravissime de ses apports excessifs en eau. Il s’agit de l’œdème aigu du poumon (OAP). La respiration est difficile, superficielle, rapide (fréquente). Le patient tousse et peut avoir des douleurs thoraciques. Le fonctionnement du cœur est perturbé; le cerveau est mal oxygéné. L’œdème aigu du poumon peut tuer rapidement. C’est une urgence médicale. Le dialysé se trouvant dans cet état doit, impérativement, aller aux urgences ou contacter son centre de dialyse le plus rapidement possible.

On entend souvent certains dialysés africains ou autres se plaindre : « Je n’ai rien bu (juste 1-2 verres d’eau) ou je n’ai rien mangé ; je ne comprends pas pourquoi j’ai pris tant de kilos ». Cette phrase traduit de l’innocence supposée du patient ; mais surtout elle révèle son ignorance. Car, il faut se rendre à l’évidence : les aliments consommés dans l’intervalle entre les dialyses apportent beaucoup d’eau. Par exemple, l’africain consomme le riz, le mil, le sorgho, le pain de manioc, la pâte de farine de manioc, appelé « foufou », ou la pâte de semoule mélangée ou pas à la fécule de pomme de terre. Tous ces plats de base sont préparés avec beaucoup d’eau. Le volume d’eau de préparation équivaut approximativement au volume de farine ou autre aliment de base utilisé. C’est dire que l’aliment consommé contient de l’eau dans les proportions de 1 volume d’aliment de base pour ½ volume d’eau. Manger 1 kg de « semoule » apporterait environ un demi-litre d’eau. A cela, s’ajoute l’eau des sauces et des légumes qui accompagnent ces plats. Des légumes comme les tomates, les aubergines, gombo, koko du Congo etc. sont riches en eau.

Voici quelques exemples de la teneur en eau des aliments africains. Elle est donnée en pourcentage pour 100g d’aliment correspondant. Cela signifie que pour 100g de tomate, par exemple, il y a 94g d’eau.

Riz cuit + graisses 68,4

Couscous de sorgho 43,4

Couscous de mil frais 40

Porridge de farine de maïs et sorgho 86

Kenkey, pâte de maïs 71,5

Igname 69

Manioc, racine cuite 69

Bâton de manioc cuit 35

Gari (sec) 13

Chicouangue 58

Pomme de terre cuite 77,5

Champignons cuits 66,4

Carotte 88,6

Gombo cuit + graisses 88

Koko (du Congo) 87

Tomate mûre, entière 94

Tomate cerise, mûre, crue 93,2.